Ostéopathe Montpellier

Dans cet article je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée il y a quelques jours ou comment l’opticienne que j’ai rencontré m’a remis l’ostéopathie en place.

Le thème c’est la communication avec le patient et il sera aussi bien utile aux patients qu’aux ostéopathes et autres professionnels de santé.

On oublie parfois trop souvent en soin que l’on a des êtres humains en face de nous.

Des êtres humains avec des peurs, des inquiétudes, des émotions, en somme.

Trop souvent en ostéopathie nous cherchons « ce qui ne va pas », la fameuse « dysfonction » :

  • la vertèbre qui ne bouge pas
  • le muscle plus ou moins tendu
  • l’articulation en manque de mobilité
  • le fascia comme ci
  • les intestins comme ça

C’est comme ça que sont formés certains ostéopathes dans certaines écoles.

5 années à apprendre le corps humain, son fonctionnement normal pour repérer d’éventuelles (voire d’hypothétiques !) dysfonctionnement et dysfonctions articulaires, musculaires, tissulaires et j’en passe.

On en oublierait presque le patient, cet être sensible qui vient pour nous consulter.

Dans cette surfocalisation sur la dysfonction on s’imagine que le patient aura la même compréhension que nous, ou la même image en tête lorsqu’on lui expliquera, avec nos filtres et nos formatages, ce qu’il a, qu’est-ce qui se passe en lui.

Non, les patients ne comprennent pas le jargon de la même façon que nous le comprenons.

Oui, la dysfonction somatique, telle qu’historiquement décrite, est un concept qui ne représente qu’une partie de la réalité physiologique, mais c’est clairement insuffisant.

Oui, les mots qui sortent de notre bouche peuvent profondément affecter le comportement de nos patients.

 

une histoire de lunette … et d’ostéopathie

 

Voilà 3 ans que je n’ai pas changé mes lunettes. Mon ordonnance à la main je me rend chez l’opticien chez qui j’ai l’habitude d’aller.

Comme d’habitude, je fais face au choix cornélien du choix de la monture, pas simple : plutôt ronde, plutôt claire, plutôt carré, plutôt sombre ?

Je passe plusieurs minutes à essayer plusieurs montures avant d’en choisir une.

L’opticienne est alors occupée avec des clients, j’attends patiemment et fais le tour de la boutique.

À ce moment-là, elle se lève péniblement de sa chaise et les clients dont elle s’occupait lui lancent d’un air taquin « Oulala, faut vous soigner le dos sinon vous allez finir comme nous ! ».

Sa réponse fut, intéressante : «  J’ai un lumbago. Si ça continue, j’irai chez le médecin ».

Je me dis qu’il n’y a finalement pas de hasard et je réserve mon petit speech pour la suite.

Mon tour vient.

Je m’assois, l’opticienne commence à prendre mes informations et me demande mon job !

« Ostéo ! »

Là elle me regarde en rigolant et en me demandant si c’est vrai.

Je lui confirme que je suis bien ostéo.

Elle me dit qu’elle aurait bien besoin de mes services, mais qu’elle n’ose plus aller chez l’ostéopathe.

Assez surpris je lui demande de m’expliquer pourquoi elle ne veut plus y aller.

« La dernière fois que j’y suis allé, l’ostéopathe m’a trouvé tellement de déséquilibre et de souci au dos que ça m’a fait peur. Je me suis dit que j’étais dans un sale état, alors vu la douleur que j’ai aujourd’hui, si je vais chez l’ostéo, j’imagine qu’il va me dire que je suis en vrac ou que j’ai un truc de déplacer. »

Voilà.

Voilà l’impact que peuvent les mots et l’interprétation de ses mots de la part d’un patient.

C’est assez classique en fait, c’est ce que l’on pourrait appeler une catastrophisation.

En fait ce que j’aimerai faire comprendre c’est qu’il est tout à fait possible de continuer à faire ce que l’on a l’habitude de faire en cabinet et de changer le discours.

Un patient qui arrive en cabinet vient avec son histoire, ses croyances, ses peurs.

L’idée c’est qu’il reparte confiant, on sait que c’est une variable décisive dans l’évolution le pronostic de la symptomatologie.

 

Changer ses mots pour changer leurs maux

 

La communication verbale n’est qu’une infime partie de la communication générale lors d’une consultation.

C’est une partie qui est bien trop souvent négligée parce que : « on est pas psy » « ce qui compte c’est le traitement » « il y a que ceux qui base tout sur la com qui disent ça », etc., etc.

Une consultation d’ostéopathie n’est pas la somme des choses que l’on dit et que l’on fait.

C’est aussi et surtout l’interaction de nos actions avec celles de notre patient. 

On ne pourra jamais tout maîtriser dans une consultation, les variables sont trop nombreuses. Mais il y a certaines variables qui sont en partie maîtrisables : ce que l’on dit en patient est le première d’entre elles.

L’attitude que vous adoptez compte aussi énormément : êtes-vous plutôt dans la collaboration, la construction du soin avec votre patient ou plutôt dans l’intervention et la prescription ?

Les deux sont utiles à des moments différents, il n’y en a pas un de moins bon ou de meilleur, ça dépend du contexte.

Un exercice que vous pouvez mettre en place directement lors des consultations est de demander à votre patient s’il a compris et de lui demander de vous expliquer de manière simple ce qu’il a compris.

Vous allez avoir des surprises.

Ensuite, prenez certains mots et concept : lésion, dysfonction, asymétrie, déséquilibre par exemple, et cherchez leur des remplaçants plus clairs, qui font moins peur.

Par exemple quand un patient demande s’il y avait beaucoup de choses ou s’il était « en vrac » répondez simplement que le dos est solide, que leur système de protection a bien joué son rôle , que notre travail va permettre  au corps de mieux bouger et qu’il est important pour lui d’être actif, plutôt que de leur expliquer que leur L3 était comme ça, leur 3 thoraciques comme ci, leur C2 comme ça.

D’une part ce n’est pas ce qui se passe dans la réalité ce n’est qu’une interprétation que l’on fait de ce que l’on a sous les mains liées à ce que l’on a appris, d’autre part en modifiant un tout petit peu le discours  vous mettez votre patient en confiance !!! 

Ce que l’on dit a nos patients, n’est pas forcément ce qu’ils comprennent.

Testez, vous me direz.

 

Chers patients

 

Un paragraphe pour vous dire que vous êtes bien plus solide et résilient que vous ne l’imaginez.

Le dos ou n’importe qu’elle autre structure du corps ne se réduit pas à la simple somme de ses muscles, articulations et ligaments.

C’est l’interaction de tous ces éléments entre eux qui forment le corps humain dont le fonctionnement s’appelle la physiologie.

Le corps est doué de mécanisme de protection particulièrement précis et remarquablement bien fait.

La douleur n’est pas là pour vous gâcher la vie, elle est là pour vous avertir, c’est une alarme.

Elle vous avertit sur un comportement, une action qui va à l’encontre de votre système de protection ou qui est perçue comme dangereuse (ça ne l’est pas forcément) : l’alarme s’active.

L’alarme, vous l’aurez compris, c’est bien souvent la douleur.

C’est un phénomène complexe, que l’on ne comprend pas encore totalement.

Ce que l’on sait, c’est qu’en dehors d’un traumatisme direct, la douleur est un phénomène complexe et multifactoriel.

Elle est propre à chacune et il existe des facteurs prédictifs et favorisant l’apparition de douleur : stress, inactivité, fatigue, surcharge psychique, physique, anatomie, biomécanique, facteur génétique, attitude de peur-évitement, nociception, croyances, etc.

Tous ces facteurs s’entremêlent et peuvent déclencher l’apparition d’une douleur.

Alors, soyez rassuré, votre lumbago n’est pas dû à votre 3e lombaire en pseudo rotation !

L’ostéopathie peut soulager vos douleurs, car les manipulations, mobilisations et techniques utilisées en thérapie manuelle permettent de moduler la douleur : c’est-à-dire la faire diminuer.

 

Pour les plus exigeants

 

Je sais que c’est très à la mode de balancer plein d’études pour faire bien et appuyer le propos.

Je sais aussi d’expérience que personne ne lit les études en encore moins de personnes sont capable et ont les compétences pour les analyser et comprendre leurs limites.

Alors plutôt que de vous jeter de la poudre aux yeux, je préfère vous donner des noms de personnes que je suis, auprès de qui je me suis formé ou dont je partage et lis régulièrement le contenu :

  • Gary Fryer
  • Lars Avemarie
  • Peter O’sullivan
  • Laurent Fabre
  • Eyal Lederman
  • Ben Cormak
  • Todd Hargrove
  • Lorimer Moseley
  • David Butler

Bonne recherche et surtout bonne lecture !

 

Prenez soin de vous 😉

Julien.